L’accident vasculaire cérébral (AVC) constitue l’une des principales causes de handicap acquis chez l’adulte. Il engendre une grande variabilité de déficiences motrices, sensitives, perceptives et cognitives, nécessitant une prise en charge individualisée, structurée et fondée sur les données scientifiques les plus récentes. Pour les kinésithérapeutes, l’AVC représente un modèle emblématique de la rééducation neurologique, à la croisée de la plasticité cérébrale, du raisonnement clinique, et de l’autonomisation du patient.
Une prise en charge efficace repose sur une évaluation rigoureuse et standardisée. L’utilisation d’échelles validées (motricité, équilibre, autonomie fonctionnelle, spasticité, etc.) permet de quantifier les déficiences et d’objectiver les évolutions. Intégrer ces outils dans un raisonnement clinique structuré permet de formuler des hypothèses pertinentes, de prioriser les interventions et de construire un projet thérapeutique cohérent et adapté à chaque patient.
La définition d’objectifs thérapeutiques selon la méthode SMARTER (Spécifiques, Mesurables, Atteignables, Réalistes, Temporellement définis, Évaluables et Réajustables) est un levier central dans la structuration du suivi kinésithérapique. Cette approche permet de guider les décisions cliniques, d’optimiser la progression fonctionnelle et de favoriser l’implication active du patient dans son parcours de soin.
La rééducation post-AVC s’appuie aujourd’hui sur un socle solide de recommandations internationales (HAS, NICE, AHA/ASA, etc.) et de données probantes. L’identification des interventions efficaces — telles que l’entraînement intensif à la marche, la répétition orientée tâche, les techniques d’activation motrice ou encore l’approche orientée objectifs — permet aux kinésithérapeutes de proposer des stratégies ciblées, validées, et transférables à la pratique quotidienne.
L'engagement actif du patient est un facteur déterminant dans l’efficacité de la rééducation. Il est donc indispensable d’intégrer à la prise en charge des leviers motivationnels, issus des théories du changement de comportement, pour favoriser l’adhésion et l’autonomisation progressive. L’entretien motivationnel, les feedbacks personnalisés, la fixation d’objectifs à court terme, ou encore la valorisation des progrès sont autant d’outils essentiels à mobiliser dans la pratique quotidienne.
L’acquisition des compétences cliniques nécessite une alternance entre apports théoriques et mises en pratique. L’analyse de cas cliniques complexes, les ateliers d’évaluation fonctionnelle, la construction de projets thérapeutiques personnalisés ou encore les mises en situation permettent aux professionnels de confronter leurs connaissances aux réalités du terrain, d’ajuster leur raisonnement, et d’expérimenter différentes approches thérapeutiques selon les profils patients.
L’objectif central de cette démarche de formation est de permettre aux kinésithérapeutes de renforcer leur posture clinique, d’actualiser leurs outils et méthodes, et de sécuriser la prise en charge de patients post-AVC dans tous les contextes d’exercice (libéral, hospitalier, SSR, domicile). En consolidant leur expertise en neurologie fonctionnelle, les professionnels pourront mieux répondre aux enjeux actuels de la rééducation : personnalisation, pertinence, qualité et efficience des soins.